Il serait sage d’abandonner

Votre corps, votre vie, vos expériences sont réelles. C’est le monde manifesté, c’est le monde des formes. Ce monde réel est le monde dans lequel vous pouvez agir, en conscience, avec votre tête, votre pouvoir, vos mains. Dans ce monde, il est utile de réfléchir. Vous avez intérêt à comprendre, de contrôler un minimum, de faire des plans, des calculs, de viser juste.

Dans cette version de la réalité, on peut jouer. C’est l’espace de jeu. Déménager ou pas, cet homme ou pas, cette femme ou pas, ce travail ou un autre, démissionner, acheter, convaincre, baiser, faire l’amour, méditer, procrastiner, taper du pied, faire des enfants, faire l’enfant, être un saint, être un con, devenir, évoluer, co- évoluer, s’emmerder, réussir, échouer, pardonner, donner, haïr, jouir, fumer ou pas, bio ou pas, local ou chinois, méchants ou gentils… faites votre marché.

Pour faire ses choix, votre tête, votre intelligence est un outil important. Votre mental n’est pas un ennemi. C’est votre mental qui donne la forme à ces amas énergétiques. Sans votre mental, ces choix ne voudraient rien dire, vous auriez à choisir entre des courants d’énergie sans forme. Le mental est le maître des formes. Alliez-vous à lui et vous réussirez votre vie. Vous gagnerez cette partie. Si vous croyez n’avoir qu’une vie et que vous ne voulez pas la rater, faites des plans, réfléchissez, contrôlez ce que vous pouvez, il n’y a pas de raison de ne pas y arriver. Rien ne vous menace, votre être, la vie, l’univers n’attendent pas. La notion d’attente, d’espace-temps n’est pas leur problème. Nous n’avons pas d’obligation de devenir quoi que ce soit.

 

Si vous vous sentez bloqué c’est que vous êtes à la recherche de quelque chose. Sinon bloqué vers quoi ? Pour obtenir quoi, pour devenir qui ? Vous voulez être bien. Vous voulez être la bonne personne. Vous voulez le bonheur. Vous savez où se trouve le bonheur puisque vous êtes déjà en route. La preuve, vous êtes bloqués. Si vous n’aviez entrepris un mouvement vous ne seriez pas bloqués.

Vers quel bonheur courez vous ? Qui vous a filé la recette ? Vous avez forcément une recette puisque vous y allez avec votre tête. En comprenant. En tirant des conclusions. En modifiant votre façon de faire ou d’être. Pas à pas. Plus de pouvoir, plus de succès, plus d’argent, plus de « liberté ». Sans se poser de questions, mécaniquement, c’est parti.

Je suis fatigué de ma course à tout et rien. Je suis prêt à me laisser faire. Je comprends que je ne me sentirais jamais aligné sur mon être en étant plongé dans une course au mieux-être. Mon être ne sait pas ce qu’est le bien-être, encore moins le mieux-être et a fortiori le mal-être. Ce ne sont que les symptômes du refus de ce qui est. Le bonheur n’est lié qu’au malheur, la jouissance n’est liée qu’à la souffrance. Vivre l’un invite l’autre et d’un plateau de la balance à l’autre, la valse cosmique nous saoule.
L’équation est insurmontable en l’état de nos capacités cérébrales. On ne va pas résoudre l’enchevêtrement énergétique super subtil qui  préside à l’énergie nous traversant. On n’y comprend rien. Nous sommes incompétents, impuissant à contrôler tant de données subtiles. Il serait temps de s’en rendre compte. Il n’y a rien à trouver, il serait sage d’abandonner.

Je propose des stages où l’ on s’abandonne. Pas un stage pour réussir, ni pour grandir, ni pour jouir, ni pour devenir. Un stage pour que se fasse ce qui se fait lorsque des humains se réunissent. Un stage qui échappe à notre contrôle. Un stage comme un espace ouvert, sans savoir ce qui sera reçu, sans pouvoir saisir le résultat. Un stage pour se réveiller de la stupeur que l’on appelle notre vie. Un stage pour cesser d’être obnubilé, hypnotisé par la « dure réalité ». Un moment pour oublier de se battre ou d’avoir peur. Ou le doute et la souffrance peuvent autant exister que les certitudes et la jouissance.
Un stage pour des humains qui n’ont pas qu’une vie. Car ils « n’ont » pas la vie, elle ne se laisse pas avoir. Car ils s’aiment au-delà de l’espace et du temps, à pouvoir offrir cette vie à toutes leurs autres. Offrir leur conscience du ici et maintenant à la libération de milliers d’autres, coincés dans l’espace-temps, prisonniers d’émotions non- vécues.
Offrir nos rires et nos larmes à nos doubles qui n’ont pu les exprimer. Perdre le contrôle et simplement trouver la vie.